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croisade contre les albigeois.

avec une petite troupe il s’est installé dans la capitale[1], et là il résiste, fait tête, et se maintient avec l’aide de la gent réprouvée qui me détruit et me déshonore. Mais par la Sainte Vierge en qui Jésus s’incarna, me donnerait-on l’Espagne avec les maravédis [7090] et toute la terre du roi de Maroc, je ne bougerais pas d’ici jusqu’à ce que j’aie pris la place, détruit la ville et mis le comte à mal ! — Comte, » dit le cardinal, « Dieu m’a envoyé à vous, pour vous conduire, vous gouverner, et que vous soyez docile envers moi. [7095] Puisqu’il n’y a pas moyen de les battre ni de les vaincre, si vous m’en voulez croire, nous prendrons un autre moyen : c’est d’envoyer l’évêque[2] tout droit à Paris, au seigneur roi de France, pour lui demander d’avoir pitié de nous, et de nous tenir sa promesse[3]. [7100] Avec lui iront la comtesse et maître Garin[4] ; elle priera son frère[5], ses parents, ses cousins, de nous venir secourir, et le Quercy sera pour eux. Moi, j’écrirai à Rome, ainsi qu’il est convenu, pour qu’on envoie par le monde des appels à la croisade et des lettres. [7105] Si nous ne pouvons l’obtenir pour cette fois, nous ferons tant que l’an prochain viendra Louis[6] pour détruire la ville qui

  1. Capdolh veut dire donjon, réduit d’une forteresse, mais ici ce mot est employé au fig.
  2. Voir au t. I la note du v. 7097.
  3. Il n’a point été dit jusqu’ici que Philippe-Auguste eût promis aucun secours à la croisade, bien au contraire : voy. v. 3145.
  4. Ce Garin m’est inconnu ; p.-ê. s’agit-il de Clarin, le chancelier du comte de Leicester ?
  5. Mathieu de Montmorency, le héros de Bouvines, qui en effet accompagna à la croisade le fils du roi de France, en 1218.
  6. Le fils de Philippe-Auguste, plus tard Louis VIII.