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croisade contre les albigeois.

suprême[1], il est bien raison que vous nous aimiez de bon amour, car désormais vous pouvez être sans crainte au sujet de cette ville-ci, car nous sommes hommes à la défendre contre tous assaillants. [6795] Je suis venu de ma terre pour venger mon seigneur[2], et je me tiendrai dans la ville, sans aller ailleurs, jusqu’à ce que vous ayez cessé d’en faire la capitale ou que vous en ayez acquis une meilleure. » Roger Bernart dit : « Puisque d’un côté comme de l’autre nous sommes tous bien véritablement dans l’ardeur [de la guerre], [6800] que personne ici ne tienne ouverts boutique ni atelier, mais soyons tout le jour là dehors, au .....[3] et faisons des abattis et telles défenses que les sergents, les archers et les frondeurs, quand ils seront pressés de trop près, aient une retraite assurée. [6805] Les assiégeants sont durs à l’attaque, et quand leurs troupes d’assaut se présenteront, les dards et les flèches et les carreaux pointus leur tueront tant de monde, tant de bons chevaux que les corbeaux et les vautours s’en donneront à cœur joie. [6810] Et s’il nous vient des amis, des auxiliaires, nous irons combattre les assiégeants jusque dans leur camp, mais avec si peu d’armes[4] il n’y a pas lieu d’attaquer. » Bernart de Comminges dit : « Par peur de nous, [6815] les Français, quoique vaillants guerriers et

  1. Le comte de Toulouse.
  2. Le roi d’Aragon, tué à Muret.
  3. Voir le vocab. au mot trepador.
  4. Il ne pouvait plus rester beaucoup d’armes dans la ville, après les perquisitions ordonnées par Simon (v. 5515). Cette pénurie d’armes est exprimée aux vers 5899, 6073-4, 6447.