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croisade contre les albigeois.

eux les plus notables de la ville, chevaliers et bourgeois, et les capitouls. [6740] Ce conseil fut tenu au petit Saint-Sernin[1]. Le comte de Toulouse fit faire silence ; il rassemble ses idées, et leur dit : « Seigneurs, j’adore Dieu Jésus-Christ, rendons-lui grâces de ce qu’il nous aide et se range de notre côté ; [6745] de ce qu’il nous a tirés de peine, de tristesse, de langueur. Il nous a envoyé ici une grande splendeur qui nous a remontés, moi et vous tous. Lui qui est saint et digne et plein de bonté, qu’il entende ma plainte et prête l’oreille à ma prière ; [6750] qu’il considère mon droit, à moi pécheur qui lui appartiens ; qu’il nous donne le pouvoir et la force, le courage et la vigueur de défendre honorablement cette ville. Et il est grandement temps qu’il nous défende de mal. Par sainte Marie et par le saint Sauveur, [6755] il n’y a baron ni comte, chevalier ni comtor[2], qui ait, pour faire un exploit ou pour s’enrichir, causé dommage à une maison religieuse, ou à des pèlerins, que je ne le fasse brûler ou pendre, ou sauter en bas d’une tour[3]. Et puisque Dieu m’a rendu la capitale de ma terre, [6760] qu’il me prenne, s’il le veut bien, désormais pour son serviteur ! » Le comte de Comminges dit : « Ce conseil me plaît : Dieu et le monde nous en sauront gré. Et si la sainte Église et ses prédicateurs nous font mal ou dommage, gardons-nous de leur en faire, [6765] mais prions

  1. Ainsi traduit Fauriel. Je ne vois pas qu’il y ait eu deux Saint-Sernins, un grand et un petit. P.-ê. faut-il rapporter menor à parlament ?
  2. Voy. le vocabulaire.
  3. Pour ce dernier genre de supplice, cf. p. 213 fin de la note 2.