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croisade contre les albigeois.

mes terres, et dites et faites savoir que ceux qui ne viendront pas à moi doivent se tenir pour défiés. » Puis il fit construire la ville [1], la faisant fortifier sur toutes ses faces, de pieux, de clôtures, de terrassements, de fossés, de meurtrières, de portes, d’angles[2], de chaînes. [6630] À l’intérieur, droit d’établissement est accordé, et de tous pays, par tous les chemins ferrés, [arrivent[3]] les marchandises, les vivres, les denrées, la soie, la pourpre, le vermeil, le taffetas, les changeurs, les comptoirs, l’argent monnayé[4]. [6635] Le château Narbonnais, bien muni, est gardé par des hommes de toutes sortes, pourvus de carreaux empennés. Le comte de Montfort a partagé son armée en deux moitiés : avec l’une il a passé l’eau[5] et est venu suivant la rive, en bon ordre, [6640] avec sa troupe[6], avec ses enseignes et son lion peint. De l’éclat des

  1. La nouvelle ville établie devant Toulouse pour loger les assaillants. C’était sans doute une construction en bois. Je force un peu le sens de garnir.
  2. « Coins, » Fauriel ; je pense que conhs désigne les angles qu’on ménageait dans la fortification : « Urbes et municiones sunt difficiliores ad impugnandum ex angularitate murorum, » dit Gilles de Rome dans son De re militari veterum, Hahn, Collectio monumentorum, I, 56.
  3. Voy., t. I, la note sur le v. 6634.
  4. P. de V.-C. ne donne aucun de ces détails. Il y a sans doute quelque exagération dans cette description de la ville que les assiégeants avaient construite pour s’y loger durant le siége.
  5. Sur la rive gauche, comme on va le voir.
  6. Fauriel traduit bans par « bannières », ce qui n’est guère admissible ; mais le sens de « troupe bannie », c.-à-d. formée de contingents astreints au service militaire (voy. Du Cange, I, 570 c, 571 a) est, dans le cas présent, fort douteux. P.-ê. faut-il entendre par ban les services administratifs et judiciaires par lesquels s’exerçait l’autorité du chef des croisés.