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croisade contre les albigeois.

nerez à se rendre. Et si vous arrivez à les détruire, vous en recueillerez tant d’honneur que vous ne penserez plus aux pertes que vous avez éprouvées. — Seigneurs, » dit le comte, « voilà un conseil qui me plaît, [6555] un bon conseil, plein de force et de sagesse, et tel qu’il nous le faut. — Sire comte, » dit l’évêque, « il ne vaut pas tout à fait autant : si au delà du fleuve[1] ils ont leurs coudées franches, qu’ils ne soient de ce côté, ni assiégés ni inquiétés, devers la Gascogne il leur viendra assez de secours [6560] pour les tenir dans l’abondance pendant toute votre vie. — Par Dieu ! sire évêque, » dit le comte, « j’irai en vérité moi-même, avec une troupe vaillante, et je garderai la rivière et les passages, de telle sorte que du côté de l’eau il n’entrera dans la ville que du vent ; [6565] et mon fils et mon frère feront de même sur l’autre rive. » C’est ainsi qu’on décida qu’il y aurait deux siéges.

CXC.

On fut donc d’accord entre les barons et le comte, pour établir deux siéges ; [6570] puis, pour envoyer le cardinal, le plus savant des clercs, l’abbé, l’évêque, le prieur, le légat, prêcher la paix par toutes les terres, chasser les hérétiques et les ensabatatz[2], et amener en même temps les croisés. [6575] L’archevêque d’Auch dit : « Sire, écoutez-moi : quand vous tiendrez

  1. Sur la rive gauche.
  2. Voy. p. 10 n. 2.