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croisade contre les albigeois.

Montagut [1] ! et L’Isle[2] ! Montaut[3] ! et Montpezat[4] ! En montrant leurs insignes, ils ont engagé la mêlée ; mais les dards et les lances, les carreaux empennés, les pierres à main, les épieux niellés, [6390] les flèches, les traits, les bâtons carrés, les tronçons de lances, les grosses pierres précipitées de haut en bas, viennent serrés des deux parts, se mêlant comme une pluie fine, au point qu’à peine pourrait-on voir la clarté du ciel. [6395] Là vous eussiez vu tomber maint chevalier armé, fendre maint bon écu, ouvrir maint côté, et les jambes rompues, les bras tranchés, les poitrines ouvertes, les heaumes brisés, les chairs déchirées, les têtes fendues, [6400] le sang répandu, les fesses (?) coupées ; et les barons combattre ou occupés à emporter ceux qu’ils voient à terre. En mainte manière ils se sont frappés et blessés et ont coloré le champ en blanc et en rouge[5]. [6405] Gui le maréchal dit en secret au comte : « Sire, c’est pour votre malheur que vous avez vu Toulouse et le reste du pays, car voici votre frère mort et votre fils blessé[6] et tant d’autres

    ment notre Ot de S.-Beat), concèdent un privilége au prieuré de S.-Béat, voy. Vaissète, IV, éd. Privat, 771 b n. 1.

  1. Pour Bernart et Bertran de Montagut, voy. v. 6116.
  2. Pour Bertran Jordan de l’Isle, voy. p. 313 n. 2.
  3. Pour Rogier de Montaut, voy. p. 297 n. 2.
  4. Il n’y a dans le poème d’autre personnage portant ce surnom que le Baset de Montpezat dont la mort a été rapportée au v. 5673.
  5. Le rouge, c’est la couleur du sang ; mais le blanc ? s’agit-il de la couleur des hauberts, si souvent qualifiés de « blancs » dans nos vieux poèmes ?
  6. Voilà qui est étrange. Il a été question plus haut de la blessure reçue par un Gui de Montfort, frère ou fils de Simon (voy. p. 327, n. 2), mais il n’a pas été dit que deux membres de la