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croisade contre les albigeois.

tintement des clochettes, le brillant des écus dorés raffermissent les cœurs et les remplissent d’ardeur. Les défenseurs de la ville sont tout prêts à frapper et à résister de pied ferme. Par les rues courent les chevaux armés. [6355] Là dehors, au château [Narbonnais], sur les murs crénelés et au dedans des lices, les archers courageux qui lancent maint trait acéré ont rallumé la fureur entre les deux partis. Mais le cri et les trompes et les cors qui mêlent leurs sons [6360] font retentir la Garonne, le Château et la prairie, et on entend crier Montfort ! Narbonne ![1] Et Français et Bourguignons[2] se sont approchés de si près qu’il n’y a plus d’autre ligne de défense que les lices et le fossé, d’où maintenant on leur envoie des pierres dans les flancs. [6365] Imbert de la Volp[3] s’est tellement avancé qu’il a jeté du remblai jusqu’au milieu du fossé. Mais quand il s’en revint arrière vers le gonfanon flottant, Armand de Montlanart[4] lui a asséné un tel coup qu’il lui met dans le côté un demi-pied d’acier. [6370] Au dedans de la ville on a dressé un pierrier

  1. Le cri « Narbonne ! » est assez inattendu ; on remplacerait volontiers Narbona par Tolosa.
  2. J’imagine que Francis e Berzis est l’équivalent de Frances e Bergonho qu’on trouve au v. 5124. Fauriel traduit Berzis par « Toulousains. »
  3. « Imbert du Goupil, » Fauriel ; ce n’est guère un surnom probable. P.-ê. est-ce l’« Imbert de Laia » du v. 4567 ? L’un et l’autre manquent dans la réd. en prose.
  4. Montlanart est maintenant Mondenard, hameau de la comm. de Cazes-Mondenard, cant. de Lauzerte, arr. de Moissac. La forme « Montdenart » se trouve dès 1243 (Teulet, Layettes du Trésor, n°3087). Armand de Montlanart s’est déjà montré au v. 2581. En 1241 « Arcmannus de Montelanardo » est témoin à un hommage prêté au comte de Toulouse (Teulet, Layettes, n° 2938).