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croisade contre les albigeois.

par le monde honni et en péril. — Croyez-m’en, » dit Bernart de Comminges[1], « mon cœur me dit, et c’est mon désir, [5745] de me conformer en actions et en paroles à votre volonté. Je ne voudrais ni bien ni terre, si vous n’en aviez votre part. Et si vous avez le bonheur de recouvrer Toulouse, il est urgent que vous la défendiez de façon à n’en être jamais dépouillé par personne. [5750] — Beau neveu, » dit le comte, « ainsi ferons-nous s’il plaît à Dieu. » Rogier de Comminges dit : « Sire comte, en avant ! j’y serai (à Toulouse) aussitôt que vous ; [mais d’abord] ayant beaucoup d’ennemis, je mettrai ma terre en défense, pour n’être pas de ce côté surpris ni envahi. » [5755] Rogier de Montaut[2] dit : « Bonne entreprise, une fois résolue, devient fardeau et dommage quand elle ne s’achève pas ; bien commencée, elle se laisse mieux conduire. — Sire

  1. Le fils du comte de Comminges Bernart IV. Il succéda à son père en 1226. On va voir qu’il est appelé « beau neveu » par le comte de Toulouse. Il l’était en ce sens que son père avait pour mère une sœur de Raimon V, comte de Toulouse, père de Raimon VI (voy. Art de vér. les dates, II, 265). Il est difficile de savoir si c’est lui ou son père que Raimon Vidal de Besalu mentionne honorablement dans sa pièce Abril issia, Bartsch, Denkmæler der provenzalischen Literatur, p. 168, v. 24.
  2. Sans doute le même qui figure comme témoin de l’hommage rendu en 1201 par Arnaut de Villemur (voir ci-dessus p. 171 n. 1) au comte de Toulouse, pour le château de Saverdun, et comme juge (avec plusieurs autres) dans un procès entre le comte de Toulouse et le comte de Foix au sujet du même Saverdun, vers 1201, Teulet, Layettes, n° 623. En mai 1208 l’abbé de Boulbone s’engage à recevoir Rogier de Montaut en qualité de convers lorsqu’il conviendra à ce dernier (Doat, LXXXIII, 235). Ce R. de Montaut tirait probablement son nom de Montaut de Crieu, entre Saverdun et Pamiers.