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croisade contre les albigeois.

le comte, « conseillez-moi. Vous savez bien, vous, que c’est par violence et injustice [5715] que je reste si longtemps dépossédé. Mais l’orgueil est abaissé et l’humilité élevée ; et c’est pourquoi sainte Marie et la vraie Trinité ne veulent pas que je demeure longtemps honni et abaissé. J’ai envoyé à Toulouse des messagers, [5720] aux barons de la ville les plus puissants et les plus honorés, à ceux qui m’aiment de cœur et que j’aime, [pour savoir] s’ils voudront m’accueillir, et quelle est leur intention. Et ils m’ont répondu par leurs belles lettres scellées que le comte de Montfort a pris parmi eux des otages ; [5725] mais tels sont l’amour, le bon vouloir, le sentiment de justice et la loyauté qui règnent entre eux et moi, qu’ils aiment mieux perdre ces otages que me voir ruiné ; et ils me rendront la ville si j’y puis aller en secret. Et puisque je les trouve dévoués à mon service, [5730] je veux savoir quel conseil vous me donnez. — Sire, » dit le comte de Comminges, « écoutez-moi : si vous recouvrez Toulouse et pouvez vous y maintenir, Parage est relevé et demeure en son éclat, et vous aurez mis en splendeur et nous et vous-même ; [5735] nous aurons assez de terre, tous tant que nous sommes, si vous rentrez dans votre héritage. » Après le comte honoré, Rogier Bernart prit la parole : « Sire comte, je puis bien dire que si vous recouvrez Toulouse, vous tenez les clés de tout votre lignage, vous avez les dés dans la main, et Prix et Parage peuvent être relevés [5740] et suffiraient à la défendre (Toulouse), pourvu que vous y alliez. Mieux vaut pour vous y mourir, seigneur, qu’aller