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croisade contre les albigeois.

— [5460] Seigneurs, » dit Foucaut, « laissons cet entretien : quiconque cherche à persuader au comte de détruire Toulouse pour en tirer de l’or et de l’argent, de démolir la ville et ses imposantes constructions, celui-là veut son affliction et sa perte ; [5465] car en perdant Toulouse il perdra sa meilleure dent ; et s’il la protége et l’honore, de façon à l’avoir tout entière à sa dévotion, il serait assez fort pour tenir tête à tous les rois d’Espagne. »

Sur ces entrefaites Aimiric[1] et maints autres notables, [5470] et les bannis, avec sauf-conduit, sortent de la ville tôt et vite. Les autres cependant restent en tel danger que bien des fils de dignes pères en furent dolents, et en poussèrent maints soupirs pleins d’angoisse. [5475] C’est que le comte de Montfort ordonne que les sergents aillent par toutes les rues prenant des otages. Ils les emmènent, menaçant et battant, dans la Borde du comte[2], jusqu’à ce qu’il y en eût quatre cents, qui toute la nuit demeu-

    Mais ce texte latin n’a pas été retrouvé. La fable de Romulus que M. Œsterley lui assigne comme origine, et dont il a publié deux rédactions fort incorrectes l’une et l’autre (Romulus, 1870, p. 57-8), se distingue de la fable française par des traits importants : ainsi le serpent est blessé, ce qui n’a pas lieu dans Marie, non plus que dans le texte qu’avait lu notre poëte, et il n’est pas question de l’enfant tué dans son berceau.

  1. Cf. v. 5270.
  2. La correction proposée au v. 5478, par laquelle sont supprimés les mots del comte après boaria, est douteuse, parce qu’il existait bien à Toulouse un lieu appelé Boria ou Borda del comte, mentionné dans le cadastre de 1478 (Du Mège, Hist. des inslit. de Toulouse, IV, 93, n. 1) : « Autre melo de las possessios de la « Boria del Comte » Boaria et boria, distingués à tort par Du Cange et par Raynouard, sont un même mot dont le sens est « métairie ». Dans le cadastre de 1570 ce lieu reparaît