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croisade contre les albigeois.

comte. L’évêque vous défend à ce point que le comte en est irrité. Par suite de l’accord qui s’est établi entre eux deux, l’évêque vous mande de vous mettre à la merci du comte ; lui-même vous jure Dieu et ses mérites [5240] et ceux du pape et de tous les clercs, que vous serez saufs de corps et de biens, que vous n’aurez à supporter ni abaissement de la ville, ni perte de vos héritages. Si maintenant vous vous humiliez envers le comte, vous êtes doublement assurés de rencontrer en lui amour et reconnaissance. [5245] Et s’il est aucun homme, étranger ou de la ville, qui n’accepte pas sa seigneurie, il peut s’en aller librement avec congé en règle, sans redouter d’être pris ni contraint par le comte ni par les siens. » Les barons répondent : « Sire abbé, s’il vous plaît, [5250] votre loyauté nous inspire de grandes craintes. Vous, le comte et l’évêque, vous nous avez appris à être prudents, car de maintes manières vous avez fait sur nous des tentatives sans jamais en rien nous tenir parole. Et le comte est si cruel et si outrecuidé [5255] qu’il ne nous tiendrait aucune promesse, quand il nous aurait dans sa main. — Seigneurs barons, » dit l’abbé, « écoutez ce que je vais vous dire. Dès l’instant que la sainte Église vous aura donné garantie, le comte n’est pas assez imprudent, assez outrecuidé, pour vous rien faire qui puisse le compromettre. [5260] Et s’il vous faisait chose qui fût tort ou péché, l’Église pousserait vers toutes parts un tel cri, qu’il succomberait sous les coups de Rome et de la chrétienté. Ne redoutez donc aucune conséquence de rien que vous fassiez présentement ; et, si vous honorez le