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croisade contre les albigeois.

gent si vigoureusement [5170] qu’ils brisent et enfoncent les barrières. De toutes parts viennent, pour soutenir la lutte, chevaliers, bourgeois, sergents, pleins d’ardeur, qui, armés d’épées et de masses, les serrent de si près, que des deux côtés on se prend à se frapper, [5176] et à mettre en mouvement dards, lances, flèches, couteaux, épieux, traits, faucilles. Ils viennent en rang si pressés qu’on ne sait plus où se retourner. Là vous eussiez vu se faire un tel abattis, rompre tant de camails, trouer tant de hauberts, [5180] fendre tant de poitrines, fausser tant de heaumes, abattre tant de barons, tuer tant de chevaux, et le sang et les cervelles se répandre par la place ! Ceux de la ville font une résistance si opiniâtre

    venir de au sens de « à l’approcher de..... » c.-à-d. « en venant vers..... » Si on traduisait, « en venant de » le mouvement de Simon deviendrait inexplicable. La charge, partant sans doute du Château Narbonnais, au sud de la ville, près de la Garonne, se dirige d’abord vers Saint-Étienne (v. 5160) en passant par la place Saintes-Carbes (v. 5162), C.-à-d. en suivant les rues appelées maintenant Grande rue Nasaret et Saintes-Carbes. Sur la place Saint-Étienne les assaillants ne rencontrent pas d ’adversaires, et sont, selon la rédaction en prose (voy. t. I, p. 220), ralliés par les Français établit dans l’église Saint-Étienne et dans le palais épiscopal, qui est tout auprès (v. 5143-4). Alors la charge, faisant un quart de tour à gauche, se lance vers la Croix Baragnon, en suivant les rues qui portent, actuellement les noms de rue Saint-Étienne et rue Croix-Baragnon, probablement avec l’intention de pousser à fonds dans la direction de l’ouest, jusqu’à la Garonne. Mais la défense opposée par les Toulousains à la Croix Baragnon est trop forte, et on va voir Simon reprendre la direction du nord pour aller attaquer le bourg (v. 5189) ; mais de ce côté encore, après un combat acharné, les croisés sont repoussés, et reviennent au Château Narbonnais (v. 5195-6), probablement par le chemin qu’ils avaient suivi en venant, les milices toulousaines, peu propres à l’attaque, n’ayant pas eu l’idée de leur couper la retraite.