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croisade contre les albigeois.

qu’on les lui livre, et vous serez bien sots si vous vous laissez prendre là dehors. » Et eux de s’en aller à la course ! [5095] Mais tandis que les Toulousains se consultent dans la ville, la mesnie du comte, sergents et damoiseaux, enfoncent les coffres et pillent l’argent ; et ils disaient à leurs hôtes, les écuyers et les valets : « Aujourd’hui vous recevrez le martyre, ou vous donnerez rançon, [5100] car vous avez excité la colère de monseigneur Simon. » Et ils répondirent tout bas, entre leurs dents : « Dieu ! comme vous nous avez livrés à Pharaon ! » Par les rues pleurent dames et enfançons ; mais cependant par toute la ville s’élève le cri : [5105] « Barons, aux armes ; voici le moment où nous aurons à nous défendre contre le fer et le lion, car mieux vaut une mort honorable que vivre en prison ! » De toutes parts accourent en grande hâte chevaliers, bourgeois, sergents, troupes communales, [5110] chacun apportant un armement complet : écu ou chapeau, pourpoint ou gambeson, et hache émoulue, faucille ou pilon (?), arc à main ou arbalète, ou bonne lame emmanchée, ou couteau[1] ou gorgerin, camail ou hoqueton. [5115] Et quand ils furent ensemble, les fils et les pères, dames et demoiselles, tous à l’envi placent les barrières, chacun devant sa maison. Les huches, les coffres, les bâtons, les pilons (?), les tonneaux qui roulent, les poutres, les chevrons [5120] sont appuyés d’un côté sur la terre, de l’autre sur des tables, et du bas sur les

  1. Cotel ; comme d’ailleurs le v. 5114 ne mentionne que des armes défensives, il se pourrait que cotel eût été écrit ici par erreur au lieu de clavel, voy. p. 229, n. 1.