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croisade contre les albigeois.

serment contre vous ; et quiconque vous le fait croire cherche à vous faire perdre le pays. Jésus-Christ, Dieu vrai, sait bien de tout point ce qu’il en est ; puisse-t-il nous protéger, lui et notre bonne foi ! — [5025] Barons, » dit le comte, « vous m’êtes hostiles et faites trop de discours. Jamais, à aucun moment, depuis que je vous ai conquis vous n’avez eu souci de mon honneur ni de mon bien. » Puis il appelle Gui, Hugues de Laci, Alain, Foucaut, et Audri le Flamant[1] : [5030] « Sire comte, » dit Alain, « il vous faudra un frein pour contenir votre rancune et votre colère, car si vous abaissez Toulouse, vous tomberez si bas que jamais vous ne reprendrez votre niveau. — Seigneurs, » dit le comte, « je suis ruiné au point [5035] d’avoir engagé tous mes revenus et tous mes cens, et les hommes de ma compagnie m’ont remontré que la misère et la disette les pressent si fort que, si je manquais l’occasion présente, je ne saurais plus que faire. Je veux donc qu’on saisisse sur-le-champ ceux qui viennent ici, [5040] et que sans retard on les mette au Château Narbonnais. Les richesses et l’argent en lingot seront appliqués à notre usage, jusqu’à ce que nous soyons devenus plus forts et plus riches, pour retourner en Provence.

CLXXII.

« Nous irons en Provence quand nous serons riches, [5045] mais avant nous ruinerons Toulouse de telle sorte que nous n’y laisserons rien qui ait

  1. Lo Flames ? Il paraît encore au v. 8029.