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croisade contre les albigeois.

hommes, et après nous partirons. S’il refuse, nous donnerons tant à ses officiers que nous les gagnerons. De cette façon nous recouvrerons nos hommes, et plus tard nous réparerons nos pertes. [4780] Nous chevaucherons droit à Toulouse ; l’avoir que nous y trouverons nous le partagerons équitablement entre nous, et prendrons des otages pour ce que nous laisserons[1]. Avec ces richesses nous viendrons en Provence, nous prendrons Avignon, Marseille et Tarascon [4785], et recouvrerons Beaucaire.

CLXIX.

« Nous recouvrerons Beaucaire, le donjon couronné de créneaux, et les traîtres qui ont rendu la ville, je les ferai pendre à la palissade ; et si je ne les prends par force, il n’y a plus rien à faire ! » Mais Hugues de Laci lui répondit sévèrement : [4790] « Par Dieu, beau sire comte, vous en jugez à votre aise, mais il vous y faudra mettre du sel et du poivre[2], avant d’avoir recouvré Beaucaire et le donjon. C’est grave chose d’enlever un château à son seigneur légitime. Ils aiment le jeune comte du fond de leur cœur [4795] et le préféreraient à Jésus-Christ. Et s’ils furent onques traîtres, maintenant ils veulent être

  1. P.-ê. le sens serait-il meilleur si on corrigeait (v. 4782) cel[s] que remanha[n], « pour ceux (de nous) qui resteront » ? C’est ainsi qu’a entendu Fauriel.
  2. Se disait d’une entreprise laissée incomplète ; ainsi G. de Bergadan (Talans m’es pres ; Milá, Trov. en Esp. p. 305) :

    Pero non ai tant apres
    Qu’encar no i agues obs sal.