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croisade contre les albigeois.

chemins, [4590] les collines, les places, les prés, les bas-fonds[1]. Lorsque la lutte cessa, le relief en fut tel qu’il resta abondante pâture pour les chiens et les oiseaux de proie. La mêlée se sépara et les deux partis se retirèrent, l’un avec joie, l’autre avec tristesse.

CLXVI.

[4595] Les deux partis sont ainsi partagés que l’un reste plein de dépit et l’autre plein de joie. Le comte se désarme sous un olivier ; damoiseaux et écuyers lui enlevèrent son armure ; mais Alain de Rouci lui dit une parole cuisante : [4600] « Par Dieu, sire comte, nous pouvons faire provision de viande. Nous avons tant gagné au tranchant de l’acier que les corps pour la nourriture de la chatte ne nous[2] coûteront pas un denier : nous en avons plus encore qu’hier. » Mais le comte a le cœur si fier et si sombre [4605] qu’il ne répond rien, et Alain se garde d’insister. Tout ce jour fut passé dans la même situation, puis les meilleurs guerriers firent la grand-garde, tandis que les sergents et archers combattent, que les ouvriers réparent le château[3] et la chatte, [4610] et disposent au devant une catapulte qui frappe, tranche et brise le portail de la Vigne[4] et le mur crénelé. À l’intérieur les assiégés font

  1. M. à m. « les roseaux ».
  2. J’ai imprimé nous avec Fauriel, mais le ms. porte plutôt nons.
  3. La machine de guerre ainsi appelée ; voy. le vocab. au mot castel.
  4. Le portail de la Vigne, plus tard appelé « portale vetus », se trouvait au S.-O. de la ville, à l’endroit appelé le « Coin de Régis »,