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croisade contre les albigeois.

Laie, vaillant et rapide, frappa en la presse Gaucelin de Portels, lui brisant écu, haubert et garniture ; [4570] il l’abat et renverse dans son sang[1]. Avec lances, masses, épées et couteaux recommence la guerre, le péril et le carnage. Pierres, dards et lances, flèches et carreaux, guisarmes, piques, haches, [4575] pleuvent de toutes parts comme la neige tombant à flocons, brisant boucles (des écus), cristaux (des heaumes), les hauberts, les mailles, les heaumes, les chapeaux (de fer), les écus, les bandes[2], les freins, les grelots. Le craquement des lances et le froissement des clavains[3] [4580] produisent un bruit semblable à la tempête, ou à des marteaux frappant sur l’enclume. Si acharnée est la lutte, si périlleuse et si dure, qu’ils (les croisés) tournent la bride à leurs chevaux arabes. Ceux de la ville les poursuivent, frappant et criant ; ils les frappent et blessent, eux et leurs chevaux. [4585] Là vous eussiez vu rester sur la place, ou s’en aller en morceaux, jambes et pieds et bras, courées et poumons, têtes et mâchoires, cheveux et cervelles ! Si terribles sont la guerre, le péril, la boucherie, qu’ils (ceux de Beaucaire) les mènent battant et leur enlèvent les

  1. Traduction hasardée. M. Chabaneau (Rev. des l. rom. 2, I, 199) pense que saureus est l’équivalent du fr. sorel, et par conséquent désigne le cheval de Gaucelin, explication très-satisfaisante pour la forme, mais moins pour le sens.
  2. J’avais conjecturé, au vocab., à cause du voisinage de « freins », qu’il s’agissait de bandes ou courroies faisant partie du harnachement du cheval, mais il se peut bien aussi, selon l’opinion de M. R. de Lasteyrie (Bibl. de l’Éc. des ch. XXXVII, 113, note 2), que l’auteur ait voulu désigner les bandes ou lames de fer qui renforçaient l’écu.
  3. Voir ci-dessus p. 229, n. 1.