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croisade contre les albigeois.

Ceux de la ville arrivent par masses : aucun, adolescent ni homme jeune, ne veut rester au dedans. [4545] Plus de quinze mille sortirent par les portails, braves et habiles, combattants et rapides à la course et légers[1]. Guiraudet Adémar, habile et sûr, P. de Lambesc, Alfan Romieu[2], Ugo de la Balasta[3] se sont partagé le commandement. [4550] Mais le cri et la noise et le frémissement des enseignes, et l’agitation de l’air font trembler les rameaux. Tel est le bruit des cors et des trompes que la terre en retentit et que tout le ciel en frémit. Mais Foucaut, Alain, Gautier de Préaux, [4555] Gui, P. Mir et Aimon de Corneil, avant tous les autres franchissent les barrières (?), avec le comte de Montfort, méchant, dur et cruel, emporté tout droit par son cheval noir. À haute voix il s’écrie : « Saint Pierre et saint Michel, [4560] rendez-moi la ville avant que le château soit perdu, et donnez-moi vengeance de mes ennemis ! » Il entre dans la mêlée, et le carnage commence ; sergents et damoiseaux en abattirent à force. Mais de ceux de la ville est si grande la masse, [4565] qu’en peu d’instants se forma une résistance qui arrêta l’attaque. Cependant Imbert de

  1. J’adopte la correction proposée par M. Chabaneau (Rev. des l. rom. 2, I, 359), leus au lieu de beus. Cf. cependant 4566, où beus est employé avec bien peu de propriété.
  2. Témoin à un acte de 1209, Papon, Hist. de Prov. II, pr. n° XXXVI.
  3. En 1219 « Ugo de Balasta » est témoin à une donation faite par Adémar II, comte de Valentinois, à l’Hôpital de St-Jean de Jérusalem. En 1235 « Ugo de Banasta » (probablement le même) paraît en la même qualité dans un diplôme de l’empereur Frédéric II en faveur du comte de Toulouse (Teulet, Layettes du Trésor, n° 2413), et en 1239 dans l’hommage d’Adémar comte de Valentinois qui a été mentionné p. 235, n. 2.