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croisade contre les albigeois.

chargent ensemble, et se sont tellement avancés qu’ils ont pénétré dans la foule la plus épaisse. Mais ils furent bien accueillis par ceux de Beaucaire. Les lames de Cologne, les aciers recuits, [4265] les rondes massues, les clavains[1] trempés, les haches émoulues, les écus fourbis, les dards, les flèches, les carreaux polis, les pierres[2] et les traits, les épieux à lames de fer, avec eux[3] les chevaliers vaillants et dispos, [4270] les sergents, les archers, qui viennent pleins de hardiesse, et les compagnies disposées à bien frapper, ont de toutes parts commencé un tel carnage, que le camp et la rive et la terre en retentissent. Mais le comte [de Montfort] et Alain et Foucaut, [4275] Gui [de Montfort], P. Mir[4] ont soutenu la lutte. Là vous auriez pu voir tant de hauberts

  1. Clavel (v. 4265, 4579, 4900, oublié au vocabul.). Ce mot existe aussi en ancien français, à côté de clavain, qui a le même sens, et paraît avoir vécu un peu plus longtemps. Le clavel ou clavain n’était pas un haubert comme l’entendent à tort Henschel (Du Cange-Henschel, t. VII) et Gachet (Glossaire du Cheval. au Cygne, au mot fremillon), moins encore « une sorte de clou » (Littré, à l’étym. de claveau), mais de pèlerine de mailles ou de lames de fer qui couvrait le col et les épaules, et était attachée au haubert, comme on le voit par cet exemple : Et trés qu’il est armés del haubert a clavel (Musée brit. Add. 10289, f. 93 ; voy. d’ailleurs Viollet le Duc, Dict. du mobilier, V, au mot clavain.
  2. Je traduis d’après la correction proposée au v. 4268.
  3. P.-ê. manque-t-il ici un vers. On ne voit pas bien à quoi se réfère « avec eux » ; cf. au t. I la note du v. 4269 (par erreur 4279).
  4. Peire Mir est un nom et un surnom trop commun pour qu’on puisse proposer une identification bien probable. Un personnage ainsi nommé paraît en 1201 en deux chartes. Doat, CLXIX, 89 v° et 93 v°. — Il y avait eu dans le parti opposé un Petrus Miro (P. de V.-C. ch. XLVIII) qui paraît être identique au R. Mirs mentionné par G. de Tud. au v. 1185 ; voy. ci-dessus p. 63, n. 4.