Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxiv
introduction, § vi.

VI. La chanson : manuscrits existants ou perdus ; rédaction en prose ; Guillem Anelier imitateur de la chanson.

Si nous en étions réduits, pour étudier la croisade, aux sources latines, actes et chroniques, nous serions bien mal informés. Beaucoup de faits, principalement de ceux qui se produisirent du côté des méridionaux, nous resteraient cachés. Des nombreux alliés du comte de Toulouse, nous connaîtrions à peine quelques-uns, et par-dessus tout nous ne saurions rien du sentiment avec lequel les populations méridionales, Toulouse notamment, se mirent à la résistance, lorsqu’il devint clair que la croisade ne tendait à rien de moins qu’à remplacer les familles seigneuriales du Midi par quelques ambitieux venus de France.

Sur tout cela Pierre de Vaux-Cernai ne sait à peu près rien et Guillaume de Puylaurens n’offre que quelques notions accidentelles et fragmentaires. La principale source d’information est le poème de la croisade.

Le poème de la croisade nous a été conservé par un ms. qui a fait partie, au siècle dernier, de la célèbre bibliothèque du duc de La Vallière[1]. Acheté pour la bibliothèque du roi, il y a reçu le no 190 du fonds La Vallière, et a été classé, lors de la fusion des divers fonds de la bibliothèque, sous le no 25425 du fonds français. C’est un volume en parchemin de 169 feuillets de 0m,245 sur 0m,180, écrit en gothique très soignée, dans la seconde moitié du xiiie siècle. Il contient un certain nombre de dessins à la plume, qui devaient probablement être plus tard coloriés, mais ne l’ont pas été, et occupent chacun une demi-page. Ces dessins ont été reproduits en lithographie dans les additions de Du Mège à Dom Vais-

  1. N° 2708 du catalogue de de Bure.