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introduction, § v.

temps de la guerre « nondum sedato tumultu belli », et mentionne les pierrières « quarum una pessum dedit Simonem comitem Montisfortis ». Selon le plan de son livre, Jean de Garlande explique chacun des mots de son dictionnaire dans un très-ample commentaire. C’est dans ce commentaire que se trouve le passage, cité t. II, p. 420, note, où on voit, comme dans le poème, les dames de Toulouse servant la pierrière qui donna la mort au comte Simon. Ce commentaire, qui est une partie essentielle du dictionnaire de Jean de Garlande, n’a jamais été publié. M. Scheler[1] s’est borné à en citer quelques extraits choisis assez arbitrairement, sans même paraître se douter que Jean de Garlande en fût l’auteur. Une circonstance qui mérite d’être notée ici, et qui n’a pas été connue des bibliographes, c’est que le commentaire en question a été écrit à Toulouse même. On lit en effet à la fin d’une copie du xiiie siècle conservée à Trinity College, Dublin (D. 4. 9) : « Explicit Dictionnarius magistri Johannis de Garlandia. Textum hujus libri fecit Parisius, glosas vero Tholose[2]. »

  1. Lexicographie latine du XIIe et du XIIIe siècle, dans le Jahrbuch f. romanische und englische Literatur, tomes VI à VIII. Pour Jean de Garlande, voy. VII, 144-62, et 287-321.
  2. Ce ms., qui est un recueil de divers écrits scolastiques, — j’en donnerai prochainement la description — contient deux copies du dictionnaire de Jean de Garlande. C’est à la suite de la première que se trouve l’explicit précité. Je relève dans ces deux textes un passage emprunté encore au commentaire du paragraphe sur les machines de guerre, qui a trait à Toulouse, et qui manque dans les mss. consultés par M. Hauréau : « Trabucheta, gallice trebuchet, et est magna machina muralis, quod bene expertum est castrum Nerbonense » (fol. 19 b). Le Château Narbonnais, qui n’était guère connu des copistes anglais, a été étrangement défiguré dans l’autre copie contenue dans le même ms. « Trebucheta, maxima machina et terribilis quando (lis. quod) bene est expositum (lis. expertum) castrum Verdonense » (fol. 182).