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croisade contre les albigeois.

ront des bois et n’auront plus à redouter tempête ni orage. Et vous n’avez au monde ennemi si sauvage [3775] qui n’en soit pour sa honte, s’il vous fait mal ou tort. — Seigneur, » dit le comte, « vous faites preuve de bon jugement et de vaillance, en prenant ma défense, et vous aurez l’appui de toute la chrétienté et de votre patrie, car vous relevez les preux, et joie et Parage. » [3780] Le lendemain, sans perdre de temps, ils chevauchèrent ; ils entrèrent dans Marseille, où ils ne firent pas long séjour, et arrivèrent à Salon à la nuit tombante, et prirent avec plaisir leurs logements.

CLIV.

Avec grande joie ils prirent leurs logements, et le matin, au moment de la rosée, [3785] quand la douce aube apparaît, que se fait entendre le chant des oisillons, que s’épanouit la feuille et la fleur sortant du bouton, les barons se mirent à chevaucher, deux à deux, par les plaines herbues, s’occupant d’armes et d’armures. Gui de Cavaillon[1], monté sur un cheval roux, [3790] dit au jeune comte : « Voici le temps où Parage a grand besoin que vous soyez

  1. Seigneur qui, jusqu’à présent, n’est guère connu que comme troubadour. En 1204 il fut, avec le comte de Provence, Guillem du Baus et quelques autres, témoin de Pierre d’Aragon lors de son mariage avec Marie de Montpellier (Teulet, Layettes du Trésor, n° 717), en 1209 à la cession du comté de Forcalquier faite à son fils R. Bérenger (Papon, Hist. de Prov. II, pr. n° XXXVI). Nous avons de lui plusieurs poésies qui se rapportent aux événements du temps, notamment une tenson avec Guillem du Baus (voy. ci-après p. 204, note). Il a une notice dans l’Hist. littér. XVII, 542.