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croisade contre les albigeois.

par les croisés et par Simon de Montfort lorsqu’on le lui eut livré[1]. Et quand il reçut le martyre à tort et à péché, alors Parage baissa du tiers ou de la moitié[2]. [3365] Tu n’as pas en ta cour cardinal ni abbé qui ait été chrétien plus croyant. Et puisque le père est mort, sire, rends au fils déshérité sa terre, et sauve ton honneur ! Et si tu refuses de la lui rendre, puisse Dieu t’en récompenser [3370] en chargeant ton âme de la responsabilité de sa perte ! Si tu ne la lui livres à terme bref et fixe, je te réclame la terre, le droit et l’héritage au jour du Jugement, où tous nous serons jugés ! — Barons, » se dit-on l’un à l’autre, « il a bien présenté sa revendication. — [3375] Ami, » dit le pape, « justice sera faite. » Il entre en son palais, avec lui ses privés, tandis que les comtes demeurent sur le pavé de marbre historié. Arnaut de Comminges[3] dit : « Nous avons bien travaillé ; maintenant nous pouvons nous en aller, car on a expédié tant de besogne [3380] que le pape rentre. »

CXLVII.

Le pape se rend du palais en un jardin pour cacher

  1. Voy. p. 46, n. 3. Le jeune Raimon Trencavel II, dont il est ici question, était né en 1207. Il était alors, et fut encore pendant plusieurs années, sous la tutelle du comte de Foix (Vaissète, III, 184).
  2. J’opère, en traduisant, la transposition proposée à la note des vers 3363-4.
  3. Figure, avec Bernart de Comminges son cousin, parmi les défenseurs de Toulouse, en 1218 (v. 9507). On possède de lui un sirventes imprimé dans l’Archiv für d. Studium d. neueren Sprachen, XXXIV, 197, et que l’Hist. litt. a, par mégarde, analysé deux fois, XVIII, 557, et XIX, 615.