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introduction, § iv.

dernier ayant eu l’avantage de communications particulières de Raimon VII qui, fort jeune, avait assisté de loin à cet engagement. Il est d’autant plus remarquable que les deux récits s’accordent sur un point : sur le différend qui s’éleva entre le comte de Toulouse, qui proposait d’attendre dans le camp l’attaque des croisés, et le roi d’Aragon, qui décida qu’on prendrait l’offensive. Comparez le début du chap. XXII de G. de Puylaurens avec les vers 2998-3021.

L’insurrection de Toulouse, en 1216, et sa répression offrent de part et d’autre des traits semblables. Les barricades faites de poutres et de tonneaux se retrouvent dans les deux textes[1] ; l’intervention insidieuse de l’évêque Folquet est présentée sous le même jour par les deux auteurs, ce qui est d’autant plus notable que Pierre de Vaux-Cernai n’en dit rien. Enfin, comme dans le poème[2], l’amende à payer par la ville est fixée à 30,000 marcs[3].

En dernier lieu, le récit du combat de Baziége offre chez les deux auteurs de bien grandes ressemblances qu’il est inutile d’indiquer dans le détail, le texte de G. de Puylaurens ayant été rapporté, t. II, p. 457.

On n’objectera pas que si G. de Puylaurens, qui mentionne fréquemment ses autorités, avait puisé dans le poème, il l’aurait dit. Les autorités qu’il cite sont des témoins vivants, non des livres. Mais on pourrait s’étonner qu’ayant connu le poème, il n’en ait pas tiré un plus grand parti. Aussi ne vais-je pas jusqu’à supposer qu’il ait eu sous les yeux un ms. du poème : il suffit, pour rendre compte des coïncidences signalées ci-dessus, d’admettre que Guillaume avait eu occasion, à une époque quelconque, de lire ou d’en-

  1. G. de Puylaurens, ch. XXIX ; poème, v. 5119.
  2. V. 5623.
  3. 80,000 dans la chronique d’Aubri (à l’année 1216).