Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1213]
167
croisade contre les albigeois.

grand comme le menu, s’est, comme un seul homme, mis à courir vers l’eau ; passe qui peut, mais il en est resté bon nombre : l’eau qui est rapide en a emporté et noyé [beaucoup][1], et dans le camp reste tout leur bagage. [3090] Alors retentit par le monde la nouvelle de ce grand désastre, car il y resta maint homme étendu mort, dont le dommage fut grand.

CXLI.

Grand fut le dommage et le deuil et la perte, quand le roi d’Aragon demeura mort et sanglant, [3095] avec beaucoup d’autres barons, et ce fut grande honte pour la chrétienté, pour tout le monde. Et les hommes de Toulouse, tristes et dolents, ceux qui ont échappé, qui ne sont pas restés [sur le champ de bataille], rentrent à Toulouse dans les retranchements : [3100] tandis que Simon de Montfort, allègre et joyeux, reste maître du champ de bataille, où il recueille quantité d’équipements, et fait le partage du butin. Le comte de Toulouse est triste et dolent, et dit au Capitole, et cela secrètement, [3105] de traiter dans les meilleures conditions qu’ils pourront ; que pour lui il ira porter sa plainte au pape, [lui remontrant] que Simon de Montfort, par ses menées coupables, l’a chassé de sa terre en lui infligeant de cruels tourments. Puis il quitta son pays avec son fils[2]. [3110] Les hommes de Toulouse,

  1. P. de V.-C. p. 87 e : « .....et de hostibus fidei tam submersione quam gladio circiter viginti millibus interfectis. »
  2. Il se rendit en Angleterre (Raoul de Coggeshale, dans Bouquet XVIII, 106 c ; Bernard Itier. ibid. 232 c ; éd. de la Soc. de