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introduction, § iv.

n’étaient pas très-familiers avec le poème ; peut-être aussi parce qu’elles ont trait en général à des faits assez insignifiants. Mais c’est précisément parce que ces faits sont le plus souvent des détails sans importance, qu’il me paraît assez peu probable que la tradition les ait conservés jusqu’au temps où écrivait l’ancien chapelain de Raimon VII, vraisemblable au contraire que celui-ci les a puisés dans le poème. Voici celles de ces rencontres qui m’ont frappé.

Les conditions de la capitulation de Carcassonne furent que les habitants auraient la vie sauve, mais on les dépouilla de tout. Sur ce point, tous les témoignages sont d’accord. Ils quittèrent la ville nus, selon Pierre de Vaux-Cernai, « nil secum præter peccata portantes. » G. de Puylaurens nous dit qu’ils durent sortir en chemise et en braies[1] ; et c’est précisément l’expression dont se sert Guillem de Tudèle, v. 754.

Dans la phrase suivante, Guillaume de Puylaurens, parlant du vicomte de Béziers qui resta comme otage au pouvoir des croisés, s’exprime ainsi : « Il mourut peu de temps après de la dyssenterie, et l’on répandit à ce sujet plusieurs impostures en disant qu’il avait été tué à dessein. » C’est exactement ce que dit G. de Tudèle à la fin de la tirade XXXVII.

La prise de Lavaur et les exécutions qui eurent lieu ensuite sont contées d’une façon presque identique dans les deux ouvrages[2], mais comme il s’agit d’un événement important, la coïncidence n’a pas de quoi surprendre.

La bataille de Muret est racontée avec des circonstances fort différentes par le poète et Guill. de Puylaurens, ce

  1. Ch. XIV.
  2. G. de Puylaurens, fin du ch. XVII ; G. de Tudèle, tirades LXVIII à LXXI.