Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
[1212]
croisade contre les albigeois.

le vicomte Pons, et je ne sais combien d’autres[1]. Que Dieu de gloire ne me pardonne pas mes péchés, [2390] si, tandis qu’on combattait, les clercs ne chantaient pas Sancte Spiritus[2] en grande procession, tellement que d’une demi-lieue vous en eussiez entendu le son ! Que vous dirais-je, et pourquoi allonger le récit ? Un jour l’ost se mit en marche à hâte d’éperon, [2395] avec le comte de Montfort et les autres barons, laissant en garnison à Saint-Antonin le comte Baudouin, mais avant il alla recevoir Moncuc et le donjon[3]. L’ost [des croisés] continuant sa marche a passé Avignon[4] ; [2400] elle s’en va en Agenais, avec la bénédiction de Dieu. Arnaut de Montagut[5] et les Gascons les surent bien guider par cette région. Ils démantelèrent Moncuc, qui appartenait au comte Raimon ; jusqu’à Penne d’Agen ils ne s’arrêtèrent point. [2405] En nul

  1. Saint-Antonin fut attaqué et pris le jour de l’octave de la Pentecôte (6 mai 1212), voy. P. de V.-C., fin du ch. LXII, Bouq. 61-2. Cet historien ne nomme pas Azémar Jourdan : il dit seulement que le comte de Toulouse avait confié le château de Saint-Antonin : « cuidam militi, homini pessimo et perverso » (Bouq. p. 61 d). Simon ne fit pas massacrer les habitants, parce que « si homines castri, utpote rudes et agricolas interfici faceret, castrum illud, destructis habitatoribus, redigeretur in solitudinem » (Bouq. 62 b). C’est le même raisonnement que pour Carcassonne (ci-dessus, p. 39, n. 1). Cf. v. 3126-8.
  2. P. de V.-C. rapporte aussi que pendant l’assaut de Moissac le clergé chantait le Veni Creator (ch. LXIII, Bouq. 68 a), et de même à l’assaut de Chasseneuil (ch. LXXIX, Bouq. 98 a).
  3. Arr. de Cahors. Cf. P. de V.-C. ch. LXIII, Bouq. 62 d.
  4. Arr. de Villeneuve-sur-Lot.
  5. Celui à qui un peu plus tard fut confiée la garde du château de Biron. Il est sans doute différent d’un personnage du même nom qui figure au v. 6847 entre les adhérents du comte de Toulouse.