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croisade contre les albigeois.

CVII.

Le comte de Toulouse, le fils de dame Constance[1], s’en retourna avec son ost ; et les barons de France ne les poursuivraient pas ce jour-là, sachez-le bien, car ils ont [déjà] trop frappé de l’épée et de la lance. [2275] Les habitants de Rabastens, qui ont grande foi aux hérétiques félons et à leur folle erreur, se renièrent alors, car ils sont bien persuadés que jamais plus les Croisés n’y viendront ; au contraire, selon leur estime, ils les croient vaincus, et en cette alternative [2280] sont les gens du pays qui partagent l’espérance de ceux que je vous ai dit[2].

CVIII.

Les barons de Toulouse, comme vous avez ouï, s’en retournèrent attristés, soucieux et marris. Partout ils répandent le bruit que les Français sont déconfits [2285] et que le comte de Montfort s’est enfui nuitamment ; Rabastens s’est rendu et ainsi que Gaillac ; ils en ont tant conté[3] ! Et le comte Baudouin, que Jésus puisse conserver et conduire ! était à Montaigut[4] avec Martinet

  1. Fille de Louis le Gros, première femme de Raimon V.
  2. C’est-à-dire des habitants de Puylaurens et de Rabastens.
  3. P. de V.-C. mentionne ces mêmes bruits ou d’autres analogues, et les attribue au comte de Foix (début du ch. LVIII).
  4. Montaigut, hameau de la commune de Lisle (Tarn) à 7 kilomètres environ à l’ouest de Gaillac. C’était autrefois un château d’une certaine importance, voy. Rossignol, Monographies du Tarn, IV, 338-43.