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croisade contre les albigeois.

CII.

Le comte de Montfort s’applique à bien férir. [2195] Il vient éperonnant, son épée nue au poing, et entre en la bataille par le chemin battu ; derrière lui ses gens qui le suivent avec ardeur : tous ceux qu’il peut trouver il les tue ou les fait prisonniers. Les infortunés routiers et la gent mécréante, [2200] quand ils les virent venir, furent si éperdus qu’ils ne savaient plus se défendre, excepté le comte de Foix, qui avait sa targe fendue. Des coups nombreux qu’il a portés son épée est brisée. Rogier Bernart son fils a rompu la presse ; [2205] ainsi que le chevalier Porada qui porte une grande massue et Isart de Puylaurens[1] ; ceux-là sont d’une force redoutable ; eux et les autres bannis qui y sont plumant la grue[2] y ont donné tant de coups que maint homme y tombe. Si les autres avaient été comme eux [2210] la bataille n’aurait pas été si tôt gagnée ni la troupe [du comte de Foix] confondue, comme elle le fut, je crois[3].

  1. Sicart, selon la réd. en pr., et en effet Sicart de Puylaurens paraît aux vers 7491 et 9522. Mais Isart, ou plutôt Isarn, est admissible, car dans des actes de 1178 et de 1183 figurent Sicart de Puylaurens et Isarn son frère (Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, nos 287 et 317). Sicart seul paraît, en plusieurs actes (ibid. nos 389-91, 398) de 1191 et 1192. Ces mentions sont d’une date un peu trop ancienne pour qu’on puisse avec probabilité les rapporter au Sicart et à l’Isarn du poème ; d’autant plus qu’en 1226 on voit paraître un Sicart de Puylaurens (qui pourrait être celui du poème, mais difficilement celui de 1178-92) faire sa soumission au roi de France (Teulet, Layettes, n° 1786).
  2. Pelan la grua, locution obscure ; voy. Romania, IV, 273.
  3. Selon P. de V.-C. l’affaire était déjà décidée en faveur de