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croisade contre les albigeois.

XCIII.

Le comte de Montfort, ainsi que je vous ai dit ci-dessus, est entré dans Castelnaudari au vu de mainte gent, et Bouchart était à Lavaur avec je ne sais combien de monde. [Parmi eux se trouvait[1] ] [2040] le fils du châtelain qui était preux et vaillant. Ils sont bien cent chevaliers, hardis combattants ; Martin Algai y fut, à la tête de vingt hommes seulement. Tout droit[2] à Castelnaudari ils s’en vont au comte fort. L’évêque de Cahors[3] y était également. [2045] Ils se dirigèrent tous ensemble vers Castres et vers Carcassonne[4] d’où venait au comte de Montfort un grand convoi de vin et de froment, de pain cuit et d’avoine pour les assiégés. Mais le comte de Foix sortit[5] sur ces entrefaites [2050] avec toute sa mesnie, le long d’un défilé. Tous les routiers y sont : pas un ne reste en arrière ; loin de là, ils vont à l’envi en sa compagnie. Il ne demeura chevalier en l’ost, à mon escient, qui n’y allât, ni sergent vaillant et hardi, [2055] sinon Savaric et ses barons normands qui demeurèrent avec le comte [de Toulouse] et se vont déportant. Bouchart venait

  1. Lacune ; voy. au t. I la note du v. 2040.
  2. Non pas tout droit, comme on va le voir, mais par un chemin détourné.
  3. Guillaume, fils de Bertrand de Cardaillac. Il est déjà mentionné v. 307. Cf. P. de V.-C. ch. LVII ; Bouquet, 54 c d.
  4. P. de V.-C. dit que Bouchart et les siens passèrent par Saissac, au sud de Castres et au N.-E. de Castelnaudari, « quia non audebant venire recta via a Vauro ad Castrum Novum » (ch. LVII, Bouq. 53 e).
  5. Sans doute de l’ost, mentionnée plus bas, qui était campée près de Castelnaudari ; voy. v. 2019 et suiv., et cf. 2217.