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croisade contre les albigeois.

XCI.

Quand le comte de Montfort les eut harangués, Hugues de Laci s’est levé : « [1995] Seigneurs, » leur dit-il, « puisque vous demandez conseil, laissez chacun dire ce qui lui plaira ; mais, si vous m’en voulez croire, vous ne ferez rien autre [que ceci] : si vous vous enfermez dans Carcassonne, et qu’ils vous y suivent, vous serez assiégé ; [2000] si vous vous jetez dans Fanjaux vous les y trouverez. C’est ainsi qu’ils vous suivront partout, tant ils sont bien servis par leurs espions ! et jusqu’à la fin du monde vous resterez déshonoré. Si vous voulez m’en croire, c’est dans le plus faible château qui soit en votre terre que vous les attendrez. [2005] Et s’il vous vient du secours, vous leur livrerez bataille ; car le cœur me dit pour certain que vous les vaincrez. — Par foi ! » dit le comte, « vous me conseillez bien : quoi qu’il advienne du procès vous n’en serez pas débouté, car il m’est avis que vous me donnez un bon conseil. » [2010] Il n’y eut personne qui s’avisât de le combattre, mais tous ensemble s’écrièrent à haute voix : « Sire ! il donne un bon conseil ; nous vous prions de l’en croire[1]. » Alors ils se séparèrent, et chacun s’en est

  1. Voici ce qui dans P. de V.-C. se rapporte à ce conseil tenu par le sire de Montfort : « Audientes nostri tantam multitudinem advenire, consuluerunt quidam ex ipsis comiti ut, aliquos de suis dimittens ad defensionem castri, secederet ad Fanum Jovis, vel etiam Carcassonam ; sed, habito saniori consilio, Deo melius providente, adversariorum adventum in Castro Novo comes voluit expectare » (ch. LVI, Bouq. 51 c).