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croisade contre les albigeois.

saques rembourrées, lacer leurs heaumes, couvrir de fer leurs chevaux et y placer leurs enseignes, [1760] vous auriez dit qu’ils allaient mettre en déroute quatre osts. Certes, s’ils avaient eu du cœur et si Dieu les avait voulu secourir, je ne crois pas que les croisés eussent pu tenir contre eux, ni soutenir leur attaque.

LXXVIII.

Au pont de Montaudran[1], lorsque les croisés eurent passé le gué, [1765] se dirigeant vers la ville, il y eut un furieux combat, et qui valut une bataille, par la foi que je vous dois, car, tant de l’une part que de l’autre, vous y verriez, je crois, de morts plus de cent quatre vingts ; telle est mon estime. Par les jardins en dehors de Toulouse, il n’y a ni comte ni roi[2] [1770] qui ne chevauche par force, et ils font un tel carnage si on en voulait dire le vrai, vous croiriez que c’est hâblerie. Des vilains du pays il mourut trente-trois. Près de la barbacane, à l’issue d’un pré, Bertran, le fils du comte [de Toulouse][3], fut pris. [1775] Il donna mille sols [de rançon] et tout son harnois. Ils (les croisés) eurent son cheval et ses armes, son équipement et tous ses effets.

  1. Sur le Lers, à trois kil. au S.-E. de Toulouse.
  2. Il n’y avait assurément pas de roi ni dans l’une ni dans l’autre des deux armées en présence. G. de Tud. a mal à propos introduit ici une locution fréquente dans l’ancienne poésie française ; cf. v. 2216.
  3. Bertrand, fils cadet du comte de Toulouse, ✝ 1242. Fauriel a cru qu’il s’agissait d’un fils du comte Simon de Montfort qui n’eut point de fils nommé Bertrand.