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croisade contre les albigeois.

tage, et voyant le comte de Foix s’en fuir et se retirer, revinrent à Lavaur où se tenait leur ost. Ils avaient pris la ville, ainsi que le rapporte le livre, [1620] et y brûlèrent bien quatre cents hérétiques du puant lignage, en un feu, et ils firent un grand bûcher. Là fut pendu Aimerigat avec maints autres chevaliers ; on y en pendit quatre vingts, comme on fait les larrons, et on les mit aux fourches l’un ici, l’autre là. [1625] Dame Giraude fut prise, qui crie et pleure et braille ; ils la jetèrent en travers dans un puits, bien le sais-je ; ils la chargèrent de pierres : c’était horrible[1]. Quant aux autres dames, un Français courtois et aimable les fit toutes échapper, en homme preux et loyal. [1630] Ils prirent en la ville maint destrier clair et bai, et force riches armures de fer, force blé et force vin, force drap, dont ils sont joyeux, et force riches vêtements.

LXXII.

Raimon de Salvanhac [était] un riche marchand [1635] natif de Cahors[2], bourgeois puissant et riche.

  1. Cf. la tirade LXVIII.
  2. Ce personnage n’est point autre que le Raimon de Cahors à qui Simon donna pendant le siége de Minerve les châteaux de Pezenas et de Tourbes, dont il lui confirma le don par une charte du 14 mars 1212 (n. s.), Vaissète, III, pr. 229. On peut aussi l’identifier avec le « R. de Caturcio », qui est témoin dans plusieurs actes de Simon de Montfort. Il ressort de certaines lettres d’Innocent III (1212, nos CLXXI et CLXXIV ; Migne, III, 693-4) que R. de Salvagnac était en réalité le banquier de Simon. — On sait que les usuriers ou, pour mieux dire, les bailleurs de fonds, de Cahors, ont été célèbres pendant tout le moyen-âge ; voy. Bourquelot,