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introduction, § iii.

Cernai, et celle de Guillaume de Puylaurens. Ce sont deux ouvrages de tout point bien différents.

L’écrit de Pierre de Vaux-Cernai est nommé à l’explicit : « Historia de factis et triumphis memorabilibus nobilis viri domini Simonis comitis de Monteforti. » Et c’est en effet essentiellement une histoire de Simon de Montfort. Cette histoire est dédiée à Innocent III, et par conséquent a dû être commencée du vivant de ce pape qui mourut le 16 ou le 17 juillet 1216 ; elle se poursuit jusqu’à la mort de Simon, tué devant Toulouse le 25 juin 1218 ; mais toute la fin, depuis 1216, est très-écourtée et ne contient, en comparaison de la partie précédente, qu’un sommaire des événements. Il est remarquable que le plus ancien[1] des trois ou quatre mss. qu’on connaît de cet ouvrage ne va pas plus loin que l’année 1217, ce qui, joint au caractère sommaire de la continuation qu’offrent les autres mss., porte à croire que Pierre, ayant rédigé son récit au fur et à mesure des événements, s’arrêta au moment où il apprit la mort du pape à qui il avait dédié son livre, et ne reprit la plume que près de deux ans plus tard, après la mort de Simon, afin d’achever rapidement l’histoire commencée.

Pierre était neveu de Gui, abbé de Vaux-Cernai, qui, en 1212, fut nommé évêque de Carcassonne. Il avait accompagné son oncle à la croisade[2], et paraît être arrivé dans le Midi vers 1210 ou 1211. Il n’assista donc pas aux débuts de la croisade, qu’il raconte en commençant son récit au meurtre de Peire de Castelnau (1208) ; mais pour la suite, du moins jusqu’en 1216, il paraît avoir été très-souvent le

  1. Bibl. nat., lat. 2601.
  2. « Me enim adduxerat [Guido] secum de Francia ob solatium suum in terra aliena peregrinus, cum essem monachus et nepos ipsius. » Fin du chap. LX.