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croisade contre les albigeois.

observa rigoureusement [1480] ce qu’il lui avait promis[1].

LXV.

Quand le comte de Montfort et les autres barons, les uns et les autres, ont entendu la nouvelle, que messire Bouchart est délivré, et qu’il arrivait, il ne vous faut point demander s’ils furent joyeux. [1485] Tous vont alors à sa rencontre. Quand ils se sont entrebaisés, ils le prient de leur dire s’il a donné otage, et il répond que non : « Loin de là, nous avons le château en notre commandement, et je suis entièrement libéré et quitte dans les termes que vous allez entendre : [1490] Monseigneur P. Rogier m’a donné la seigneurie de tout son château, qu’il tenait contre nous, et il a formé amitié et grande camaraderie[2] ; et je lui ai promis, Dieu me bénisse ! qu’il s’en trouvera mieux pendant toute sa vie, [1495] et je lui donnerai deux fois plus de biens qu’il n’en a. — Alors, » dit le comte fort, « j’aurais bien grand tort si nos rapports avec lui n’en devenaient meilleurs. Jamais personne de vous ne devrait le tenir à distance. — Oui Dieu ! » disent tous, « dame Sainte Marie ! [1500] comme il a fait grande prouesse et grande courtoisie ! Il n’y a baron en France, et je ne crois pas qu’il y en ait jamais, qui l’eût faite. »

  1. La délivrance de Bouchart est racontée en quelques mots par P. de V.-C. à la fin du ch. XLVIII.
  2. Paria, le mot manque en français, c’est l’amitié existant entre deux égaux, deux pairs.