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introduction, § ii.

ont été conservées par Pierre de Vaux-Cernai, ou copiées dans les registres de la chancellerie pontificale.

En dehors de l’Église, nous avons encore deux catégories d’actes qui peuvent servir à l’histoire de la croisade albigeoise. La première se compose des documents concernant l’administration des pays conquis. Simon se fit prêter hommage, autant qu’il le put, par les vassaux du comte de Toulouse, après que celui-ci eut été dépouillé de ses États. Il fallut que ceux qui lui avaient été hostiles fissent leur soumission par écrit. Il ne lui suffit pas de leur serment, il exigea la caution de personnes considérables, se portant garants sur leurs biens de la fidélité des soumis. D’autre part, en beaucoup de lieux, les seigneurs du Midi furent expulsés et remplacés par des compagnons d’armes de Simon. Des villes, qui jusque-là paraissent n’avoir pas eu de seigneurs, s’en virent imposer. Il y eut, après la prise de Carcassonne, sur une moins grande échelle naturellement, une distribution de seigneuries analogue à celle qui s’était produite en Terre-Sainte à la suite de la première croisade. Les croisés de 1209, devenus seigneurs de Lombers, de Marmande, de Limoux, de Montréal, exercèrent leurs nouveaux droits et passèrent des actes. Lorsqu’en 1224, six ans après la mort de Simon, Amauri de Montfort vit qu’il ne pouvait soutenir la lutte, et dut appeler à son aide le roi de France Louis VIII, il lui céda tous les droits plus ou moins légitimes qu’il tenait de son père. Avec les droits, il remit les actes y afférents. De ces actes, dont un assez grand nombre sont conservés en original au Trésor des chartes, on fit sous saint Louis un cartulaire, le Registrum curie Francie, dont nous possédons encore plusieurs copies[1]. À

  1. Voy. A. Molinier, Bibl. de l’Éc. des ch., XXXIV, 175 et suiv.