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croisade contre les albigeois.

monde leur court sus et leur porte haine [1055] plus qu’à gent Sarrasine.

XLVIII.

Seigneurs, ce fut en été, quand l’hiver décline, que le doux temps revient et que renaît la chaleur. Le comte de Montfort se prépare à aller en expédition. Devant le château de Minerve qui est vers la mer[1] [1060] il mit le siége, car telle était sa volonté ; et il dresse ses catapultes, et fait Malevoisine[2] de ses autres pierrières dame et reine. Il détruit les murs élevés et la salle de pierre maçonnée en mortier de sable et de chaux, [1065] qui avaient coûté force bons deniers et force masmudines[3]. Si le roi de Maroc avec sa gent Sarrasine en faisait le siége, par sainte Catherine ! il ne leur ferait pas pour un angevin de dommage ; mais contre l’ost de Christ, qui met à fin

    Et Italie que l’on dit Lombardie

    (Roman de Girart de Rossillon, éd. Miguard, v. 105.)

    « ... apud Lombardos seu Ytalicos », Henri de Crissey (fin du xive siècles.) dans Thurot, Notices et extraits des mss. XXII, 131. On a vu ci-dessus Rome placée en « Lombardia » v. 50. Cf. Diez, Etym. Wœrt. II c, Lombard. Pour une application plus spéciale de ce nom, voir plus loin la note sur le v. 1263.

  1. Par rapport au lieu où écrivait l’auteur, car Minerve (canton d’Olonzac, arrondissement de Saint-Pons, Hérault) est à près de 40 kil. de la mer. Les ruines du château subsistent encore. C’est, d’après P. de V.-C. (ch. XXXVI), aux environs de la Saint-Jean-Baptiste (24 juin) que le siége commença.
  2. Malevoisine paraît avoir été le nom commun des machines de siége ; voy. Du Cange au mot Malveisin. P. de V.-C. fait aussi mention de cette pierrière dans le long chapitre qu’il a consacré au siége de Minerve (ch. XXXVII).
  3. Monnaie des Almohades ; voy. le vocabulaire.