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croisade contre les albigeois.

qui en eut mauvais loyer, car il fut prisonnier bien près d’un an entier[1]. On ne vit jamais plus preux abbé de son pouvoir. Tels sont ceux qui iront d’avance annoncer au pape [905] l’arrivée du comte Raimon, pour qu’il sache bien véritablement qu’il (le comte) n’y manquera pas[2].

XL.

Le preux comte de Toulouse se prépare pour le grand et lointain voyage qu’il a l’intention de faire. D’abord il s’en ira en France parler avec [le roi] son cousin, [910] et puis il ira à l’empereur, s’il le peut trouver ; après au pape ; tous il les veut sonder. L’abbé de Cîteaux lui dit qu’il n’a que faire d’y aller ; que, s’il l’en veut croire, il n’a pas besoin de se tant travailler, ni de se mettre en dépense pour ce voyage, [915] qu’il en peut faire tout autant, ici avec lui, que là bas ; mais il (le comte) ne veut pas rester.

Je veux revenir au comte de Montfort. Il tenait le vicomte prisonnier et voulait le bien garder et lui donner largement tout ce qui besoin lui était ; [920] mais ce qui doit arriver personne ne peut s’y soustraire : le mal de dyssenterie le prit alors, à ce que je crois, duquel il lui fallut mourir ; mais avant il voulut communier. L’évêque de Carcassonne le fit bien administrer, et il mourut la nuit suivante vers le soir. [925]

  1. Raimon Azemar, abbé de S. Audart (S. Theodardi, dioc. de Montauban ; voy. Gall. Christ. XIII, 229).
  2. Il n’est question nulle part ailleurs de l’envoi de ces messagers. Tout ce passage (v. 895-906) est même omis dans la rédaction en prose.