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croisade contre les albigeois.

qu’ils ont assez de terre, s’ils vivent assez longtemps, dans le royaume de France où leurs pères nacquirent, [795] c’est pourquoi ils n’ont cure de la dépouille d’autrui. Il n’y a personne qui ne croie se déshonorer en acceptant cette terre.

XXXV.

Là, en ce conseil et à ce parlement, il y eut un riche baron qui fut preux et vaillant, [800] hardi et belliqueux, sage et expérimenté, bon chevalier et large, preux et avenant, doux et franc, affable, et d’un bon esprit. Il avait résidé longtemps outre mer ; à Zara contre les[1]..... et partout également. [805] Il fut sire de Montfort, de la terre qui en dépend, et fut comte de Winchestre[2], si la geste ne ment. C’est lui que tous

    la seconde personne à qui on offrit la terre aurait été le duc de Bourgogne, et le comte de Saint- Pol n’est pas mentionné par lui.

  1. Lacune, voy. la note du v. 804. Simon de Montfort assista en 1202 au siége de Zara entrepris par les croisés pour le compte des Vénitiens. Selon Villehardouin, qui l’en blâme, il fit sa paix avec le roi de Hongrie, à qui on venait de reprendre Zara, et se rendit en Terre-Sainte (Villehardouin, éd. de Wailly, 1872, § 109 ; cf. l’un des continuateurs de Guill. de Tyr, Historiens occidentaux des Croisades, II, 255), où il resta jusqu’en 1205 ou 1206 (on a de lui un acte daté d’Anet, 1206, Molinier, Catalogue, n° 15). Sa conduite à Zara est au contraire présentée, comme on devait s’y attendre, sous le jour le plus favorable par P. de V.-C, ch. XIX. — Zara est en latin Jadera, puis Jazera, Jacera, en anc. fr. Jadres. Il y a en Palestine Gaza, puis, au sud du lac de Tibériade, Gadara (Guill. de Tyr, l. XVI, ch. XIII ; cf. Neubauer, Géogr. du Talmud, p. 243-5), mais ces villes n’apparaissent nulle part dans l’histoire en relation avec le nom de Simon de Montfort.
  2. Guinsestre ici et v. 3718 ; mais c’est une erreur : Simon était comte de Leicester ; voy. Pauli, Simon von Montfort Graf von Leicester (Tübingen, 1867), p. 21.