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croisade contre les albigeois.

gagné, [595] mais nul n’a recouvré le capital, sachez-le bien, et je crois au contraire qu’ils sont en perte[1].

XXVI.

Ce fut au mois qu’on appelle août[2] que l’ost fut tout entière à Carcassonne. Le roi d’Aragon y vint en hâte, [600] avec lui cent chevaliers qu’il amène à sa solde ; ceux de l’ost dînent et mangent viande rôtie. En le voyant venir, ils ne se cachèrent point, au contraire ils allèrent à lui, les princes et les prévôts. Il les salua poliment, et ils lui répondirent poliment : [605] « Soyez le bienvenu »[3].

XXVII.

En un pré au dessous (en aval) de la rivière, auprès d’un bois touffu, le comte de Toulouse a tendu son

  1. L’enlèvement du sel des salines (sans doute celles de Capestang, entre Béziers et Narbonne, que mentionne Froissart, éd. Luce, IV, 169) n’est rapporté nulle autre part, et les commentaires que fait à ce propos Guillaume de Tudèle ne sont pas très-clairs. On conçoit que les croisés aient fait du bénéfice sur le sel, puisqu’ils n’avaient eu que la peine de le prendre, mais on ne voit pas comment ils auraient perdu sur le pain (S[i] el pa an perdut, 594), qui était d’un extrême bon marché. Peut-être y a-t-il une faute au premier hémistiche du v. 594. Quoi qu’il en soit, les croisés ne rentrèrent pas dans leurs frais. Et en effet nous savons par une lettre de Simon de Montfort au pape (Innoc. III epist., l. XI, ep. CIX) que la situation pécuniaire de l’armée était très-peu satisfaisante.
  2. Voy. p. 29, n. 1.
  3. Il n’est question nulle part ailleurs de cette intervention pacifique du roi d’Aragon. Le récit de G. de Tud. n’a été jusqu’à présent utilisé par les historiens que d’après la réd. en pr., ici particulièrement libre ; voy. Benoist, Hist. des Albig. I, 107.