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croisade contre les albigeois.

sés et le roi des ribauds qui va les envahir, et les truands sauter de toutes parts dans les fossés, et briser les murs et ouvrir les portes, et les Français de l’ost s’armer en grande hâte. [465] Ils savent bien en leur cœur qu’ils ne pourront tenir : ils se réfugient au plus vite dans le grand moûtier ; les prêtres et les clercs s’allèrent revêtir et font sonner les cloches, comme s’ils allaient dire une messe des morts, pour un enterrement. [470] À la fin ils ne purent empêcher les truands d’entrer, qui saisissent les maisons à leur plaisir, car ils pouvaient bien choisir chacun dix maisons s’il lui plut. Les ribauds étaient échauffés ; la mort ne les effrayait pas. [475] Ils tuèrent et massacrèrent tout ce qu’ils purent trouver, et prirent et saisirent les grandes richesses. Ils en seront riches à tout jamais, s’ils les peuvent garder : mais avant peu ils les leur faudra lâcher, car les barons de France voudront s’en mettre en possession [480] quoique elles aient été prises par les ribauds.

XXI.

Les barons de France et ceux du côté de Paris, les clercs et les lais, les princes et les marquis, les uns et les autres sont convenus entre eux qu’en toute ville où l’ost se présenterait [485] et qui ne voudrait pas se rendre avant d’être prise, ils passeraient (les habitants) au fil de l’épée et les tueraient : ensuite ils ne trouveraient personne qui tînt contre eux, pour la peur qu’on aurait, et à cause de ce qu’on aurait vu. Montréal, Fanjaux[1] et les autres se laissèrent ainsi

  1. Montréal (arr. de Carcassonne) et Fanjaux (arr. de Castelnaudary) furent pris après Carcassonne ; voy. v. 781.