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croisade contre les albigeois.

bien secourus[1]. [375] « Je m’en irai, » dit-il, « par le chemin battu là-bas vers Carcassonne, où je suis attendu. » Sur ce, il sort promptement. Les Juifs de la ville le suivirent[2] ; les autres restent dolents et attristés. [380] L’évêque de la ville, qui était un excellent homme[3], entra dans Béziers ; et quand il fut descendu à l’église cathédrale, où il y a mainte relique, il les fit tous assembler, et quand ils furent assis, il leur dit comment les croisés se sont mis en route ; [385] qu’avant d’être vaincus, faits prisonniers, tués, avant d’avoir perdu leurs biens et leurs meubles .....[4] qu’on leur rendra aussitôt ce qu’ils auront perdu. Sinon ils seront dépouillés de tout, massacrés au glaive d’acier émoulu, [390] sans plus de retard.

XVII.

Quand l’évêque eut terminé son discours, leur ayant dit et exposé ce qu’il avait à dire, il les prie de s’ac-

  1. « Vicecomes Biterrensis, Raimundus Rogerii nomine..... promiserat firmissime Biterrensis civitatis civibus quod eos nullatenus desereret... » P. de V.-C. ch. XV, Bouquet XIX, 20 a.
  2. Dans un acte de mai 1204 R. Rogier mentionne parmi les membres de sa cour un juif, Samuel, qu’il qualifie de « bajulus et executor meus » (Doat LXII, 9).
  3. « Pervenientes igitur Biterrim nostri transmiserunt in civitatem ipsius civitatis episcopum qui exierat obviam eis, videlicet Reginaldum de Montepessulano, virum ætate, vita, scientia venerandum. » P. de V.-C, ch. XV, Bouq. XIX, 20 a.
  4. On peut suppléer (voy. la note du v. 386, au t. I) : « il leur conseillait de rendre la ville aux croisés, les assurant... » — Si on admettait au v. 387 la correction pendran au lieu de perdran, on pourrait traduire, sans supposer de lacune : « ..... et leurs meubles, ils cèdent aux Croisés (lor seit rendu) une part de ce qu’ils (eli, les croisés) prendront. »