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[1209]
croisade contre les albigeois.

[240] pour le comte de Toulouse, et je vous dirai comment : il lui livrera en gage, pour en faire sa volonté, sept châteaux[1] des plus forts qu’il ait en sa terre. Le pape y envoya un clerc plein de valeur qui avait nom Milon, à qui Raimon devait obéir. [245] Ce Milon mourut à Saint-Gilles moins d’un an après[2]. Et quand le vicomte sut que bien véritablement le comte a fait sa paix, il se repentit beaucoup : il voudrait bien s’accorder aussi, s’il pouvait, .....[3] Mais il ne voulut point l’accepter, se voyant compté pour rien ; [250] et il a fait par sa terre convoquer ses hommes, à pied et à cheval, ceux qui pouvaient porter les armes. Dans Carcassonne, là il attend l’ost [des croisés]. Ceux qui restèrent à Béziers en furent tous dolents. Je ne crois pas qu’il en ait échappé cinquante ni cent [255] qu’on n’ait passés au fil de l’épée.

  1. « Châteaux » au sens qu’avait dans le midi castrum, celui de ville ou village fortifié. Ces sept châteaux sont ceux d’Oppède, de Montferrand, de Baumes, de Mornas, de Roquemaure, de Fourques, de Fanjaus. Nous avons l’acte (juin 1209) par lequel le comte de Toulouse les engage au pape, par l’intermédiaire du légat Milon (Bouquet, XIX, 16 ; Migne, Innoc. III op., III, 89 ; cf. Vaissète, III, 161-2). C’est sans doute intentionnellement que notre auteur ne fait aucune allusion à la pénitence humiliante qui fut imposée au comte de Toulouse auprès du tombeau de Pierre de Castelnau, et que raconte P. de V.-C, chap. xii.
  2. Selon P. de V.-C. ch. XXXIX (Bouquet, XIX, 34 c), c’est à Montpellier que mourut le légat Milon, pendant l’hiver de 1209-10. Le P. Benoist a publié, Hist. des Alb., I, 279, je ne sais d’après quel texte, les « dernières paroles du légat Milon, où il invoque la Vierge sous le nom de Notre-Dame-des-Tables, sous lequel elle est honorée à Montpellier. »
  3. Voy. au texte la note sur le v. 248.