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croisade contre les albigeois.

X.

Quand le comte de Toulouse, à qui était Beaucaire, vit que le vicomte son neveu lui était contraire et que tous ses ennemis lui voulaient faire la guerre, il sut bien que les croisés ne tarderaient guère [225] à le poursuivre jusqu’en son plus profond repaire. Il envoya là-bas en Gascogne, pour l’archevêque d’Auch qui était son compère, supposant qu’il se chargerait du message et ne voudrait pas s’y refuser. [L’archevêque] et l’abbé de Condom, un brave clerc, [230] Raimon de Rabastens qui donnait largement[1], le prieur de l’Hôpital, bon médecin ; tous ceux-là iront à Rome, puis à l’Empereur. Ils traiteront avec le pape (car ils sont bons orateurs) de quelque accord[2].

XI.

[235] Les messagers s’en vont tot et vite, le plus promptement possible, à Rome, grand train. Pourquoi allongerais-je le récit ? ils disent tant de paroles et font tant de présents[3] qu’avec le riche pape ils ont fait accord

  1. Il avait été évêque de Toulouse de 1202 à 1205, époque à laquelle il fut déposé par le Saint-Siége ; voy. Gallia Christiana, XIII, 20-1, et la note qui suit.
  2. Voici en quels termes P. de V.-C. parle de cette ambassade : « Quod audiens comes Tolosanus, imo dolosanus,... quosdam execrabiles et malignos, archiepiscopum Auxitanum et Raimundum de Rabastenchs, qui quondam fuerat Tolosanus episcopus, sed meritis suis exigentibus erat depositus, misit Romam. »(chap. IX, Bouquet, XIX, 14).
  3. Remarquez que cette assertion est présentée sans aucune pensée de blâme ni de dénigrement.