Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1208]
9
croisade contre les albigeois.

monne-les de poursuivre les hérétiques mêlés au peuple honnête. » Sur ce il (Arnaut) s’éloigne, à l’heure de none[1] ; il sortit de la ville, éperonnant fortement. Avec lui va l’archevêque de Tarragone [150], celui[2] de Lerida et celui de Barcelone, et du côté de Montpellier celui de Maguelone, et d’outre les ports d’Espagne celui de Pampelune, et l’évêque de Burgos et celui de Tarazona[3], ceux-là vont tous avec l’abbé.

VIII.

[155] L’abbé monta aussitôt qu’il eut pris le congé, et s’en vint à Cîteaux où étaient assemblés tous les moines blancs[4] portant tonsure, à la fête de Sainte Croix, en été[5], en chapitre général, comme il est de coutume. [160] En présence de tout le couvent il leur a chanté la messe, et quand elle fut finie, il les a prêchés, et leur a dit et exposé ce qui avait été décidé. Puis il a montré sa bulle scellée à chacun, [et] expliqué comment ils doivent aller ça et là par tout le monde [165] aussi loin que s’étend la sainte chrétienté. Alors on se croise en

  1. Vers trois heures.
  2. Il faudrait l’évêque de Lerida, l’évêque de Barcelone, etc.
  3. Petite ville située sur la frontière de l’Aragon et de la Navarre, près de Tudèle.
  4. Les vêtements des Cisterciens étaient à cette époque plutôt gris que blancs, voir Du Cange, ordo griseus, et d’Arbois de Jubainville, Études sur l’état intérieur des abbayes cisterciennes, p. 134 ; cependant on les appelait aussi parfois monachi albi, Du Cange, ordo albus.
  5. Le jour de l’Exaltation, 14 sept. Jusqu’à l’année 1440 le chapitre général de Cîteaux, formé de l’assemblée de tous les abbés de l’ordre, s’est ouvert le 12 ou le 13 sept. ; voy. d’Arbois de Jubainville, ouvr. cité, p. 152.