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croisade contre les albigeois.

en Italie. Je ne sais qu’en dire, puisse Dieu me bénir ! ils se soucient de la prédication comme d’une pomme pourrie. Cinq ans, ou je ne sais combien, ils se comportèrent de la sorte ; ils ne veulent point se convertir, cette gent égarée : [55] par suite de quoi maints hommes ont été tués, mainte gent a péri et périra encore jusqu’à ce que la guerre soit finie, car il ne peut en être autrement.

III.

En l’ordre de Cîteaux il y eut une abbaye, sise près de Lerida[1] qu’on appelait Poblet ; [60] un homme de bien en était abbé. Parce qu’il était savant, il montait de grade en grade, [si bien] que d’une autre abbaye, Grandselve, — car on sut qu’il était là [à Poblet], et on l’en amena — il fut élu abbé ; et puis ensuite [65] il fut abbé de Cîteaux, car Dieu l’aimait[2].

    quelques différences de lecture entre les deux éditions, il est à croire que le même ms. a servi à l’une et à l’autre. Quoi qu’il en soit, le texte rapporté par le P. Benoist est le seul document par lequel Vaissète (III, 135) ait connu la conférence de 1204. C’est vraisemblablement à la même pièce que fait allusion le v. 50. Mais il ne paraît pas que l’évêque d’Osma, qui provoqua diverses conférences avec les hérétiques en 1206 et 1207 (voy. C. Scbmidt, Cathares, II, 210-4), ait assisté à celle de 1204. Il y aurait donc eu confusion de la part de G. de Tudèle.

  1. L’abbaye cistercienne de Poblet, située un peu à l’ouest de Montblanch, entre Tarragone et Lerida, est à 35 kil. environ de cette dernière ville. Elle fut fondée par R. Berenger IV ; voy. Marca Hispanica, p. 504, et Vaissète, II, 448. L’acte de fondation (18 février 1150, n. s.) s’en trouve dans la collection Doat, t. LIX, fol. 8.
  2. Arnaut Amalric, abbé de Granselve, dioc de Toulouse, 1199