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introduction, § xii.

Les exemples contraires sont naturellement très nombreux, et il me paraît superflu d’en citer aucun.

L’élision des monosyllabes est fréquente :

e aquo espessamens, 2849 ;
ab sen e ab escient, 3202.

2. Langue.

Dans les observations qui suivent, et qui ne sont qu’un choix restreint entre celles que suggère le second poème, plusieurs s’appliquent plus vraisemblablement à la langue du copiste qu’à celle de l’auteur. Il n’est pas toujours facile de distinguer l’une de l’autre : les rimes, dont l’examen fournit ordinairement le moyen d’opérer le départ, ne seraient pas dans le cas présent un guide sûr, à cause des licences que l’auteur s’est accordées, outre que ces rimes, par cela qu’elles sont peu nombreuses, ne nous font pas connaître une grande variété de sons. Je commencerai par signaler quelques faits de phonétique qui me paraissent propres au copiste, qu’il n’y a du moins aucune raison d’attribuer ni à G. de Tudèle ni à son continuateur.

i suivi de l devient souvent ia ; ainsi viala (voir au vocabulaire), fial, 7847, mialsoldor, 2888, umialmens, 3406. Ce développement de l’i se rencontre dans le sud de l’Auvergne et dans l’Albigeois à partir de la deuxième moitié du xiiie siècle (ce qui est l’époque de notre ms.). Viala se trouve à diverses reprises dans la charte de Calvinet (sud du Cantal), datée de 1260[1] ; aussi, et très fréquemment, dans les compoids d’ Albi (xive-xvie siècle)[2] : abrial (avril),

  1. Fr. Michel, Hist. de la guerre de Navarre, p. 777.
  2. Isid. Sarrasy, Recherches sur Albi à l’aide des anciens cadastres de la cité. Albi, 1860-2. Cet ouvrage renferme aussi quelques extraits de chartes d’Albi du xive siècle.