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43 (VIII)


Le marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu’il y a de pire ; il a le cati et les faux jours afin d’en cacher les défauts, et qu’elle paraisse bonne ; il la surfait pour la vendre plus cher qu’elle ne vaut ; il a des marques fausses et mystérieuses, afin qu’on croie n’en donner que son prix, un mauvais aunage pour en livrer le moins qu’il se peut ; et il a un trébuchet, afin que celui à qui il l’a livrée la lui paye en or qui soit de poids.


44 (I)


Dans toutes les conditions, le pauvre est bien proche de l’homme de bien, et l’opulent n’est guère éloigné de la friponnerie. Le savoir-faire et l’habileté ne mènent pas jusques aux énormes richesses.

L’on peut s’enrichir, dans quelque art ou dans quelque commerce que ce soit, par l’ostentation d’une certaine probité.


45 (V)


De tous les moyens de faire sa fortune, le plus court et le meilleur est de mettre les gens à voir clairement leurs intérêts à vous faire du bien.


46 (I)


Les hommes, pressés par les besoins de la vie, et quelquefois par le désir du gain ou de la gloire, cultivent des talents profanes, ou s’engagent dans des professions équivoques, et dont ils se