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la seconde place. C’est en un mot un composé du pédant et du précieux, fait pour être admiré de la bourgeoisie et de la province, en qui néanmoins on n’aperçoit rien de grand que l’opinion qu’il a de lui-même.


76 (I)


C’est la profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique. Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce qu’il vient d’apprendre lui-même ; celui qui sait beaucoup pense à peine que ce qu’il dit puisse être ignoré, et parle plus indifféremment.


77 (I)


Les plus grandes choses n’ont besoin que d’être dites simplement : elles se gâtent par l’emphase. Il faut dire noblement les plus petites : elles ne se soutiennent que par l’expression, le ton et la manière.


78 (I)


Il me semble que l’on dit les choses encore plus finement qu’on ne peut les écrire.


79 (I)


Il n’y a guère qu’une naissance honnête, ou qu’une bonne éducation, qui rendent les hommes capables de secret.


80 (IV)


Toute confiance est dangereuse si elle n’est entière : il y a peu de conjonctures où il ne faille tout dire ou tout cacher. On a déjà trop dit de son secret à celui à qui l’on croit devoir en dérober une circonstance.


8I


(V) Des gens vous promettent le secret, et ils le révèlent eux-mêmes, et à leur insu ; ils ne remuent