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et plus d’esprit : il lit cela dans la contenance et dans les yeux de ceux qui lui parlent.


28 (I)


Un homme à la cour, et souvent à la ville, qui a un long manteau de soie ou de drap de Hollande, une ceinture large et placée haut sur l’estomac, le soulier de maroquin, la calotte de même, d’un beau grain, un collet bien fait et bien empesé, les cheveux arrangés et le teint vermeil, qui avec cela se souvient de quelques distinctions métaphysiques, explique ce que c’est que la lumière de gloire, et sait précisément comment l’on voit Dieu, cela s’appelle un docteur. Une personne humble, qui est ensevelie dans le cabinet, qui a médité, cherché, consulté, confronté, lu ou écrit pendant toute sa vie, est un homme docte.


29 (I)


Chez nous le soldat est brave, et l’homme de robe est savant ; nous n’allons pas plus loin. Chez les Romains l’homme de robe était brave, et le soldat était savant : un Romain était tout ensemble et le soldat et l’homme de robe.


30 (I)


Il semble que le héros est d’un seul métier, qui est celui de la guerre, et que le grand homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l’épée, ou du cabinet, ou de la cour : l’un et l’autre mis ensemble ne pèsent pas un homme de bien.


3I (I)


Dans la guerre, la distinction entre le héros et le grand homme est délicate : toutes les vertus militaires font l’un et l’autre. Il semble néanmoins